jeudi 8 octobre 2015

Le Petit Chaperon rouge serait trop sexiste

La ministre de l’Éducation nationale française s’appuie sur une étude du centre Hubertine Auclert pour traquer les stéréotypes de genre dans les manuels scolaires. Les contes traditionnels, notamment, y sont fustigés.

Rappelons qu’au Québec, tous les manuels scolaires (mais pas les cahiers d’exercices ou d’activités) sont scrutés par le Bureau d’approbation du matériel didactique (le BAMD) pour y traquer les « stéréotypes » que la bien-pensance progressiste désapprouve (voir ici, ici, ici et ). Le BAMD refuse de divulguer les recommandations socioculturelles, religieuses ou autres qu’il a fait aux éditeurs des manuels approuvés, notamment d’ECR. Selon Christian Rioux du Devoir, les éditeurs québécois appelleraient le BAMD, le « politburo » du MELS.

Mais revenons en France où les choses transparaissent plus facilement dans la presse. Depuis les « ABCD de l’égalité » chers aux ministres socialistes de l’Éducation, on croyait les concepts liés à la théorie du genre remisés aux oubliettes... ou tout au moins abordés avec une prudence de Sioux par le gouvernement. Que nenni !

Horreur sexiste. Il faut que l’État bannisse cette représentation stéréotypée des livres !


Najat Belkacem, la ministre de l’Éducation nationale, s’est fendue d’un communiqué mercredi pour indiquer qu’elle entendait traquer les stéréotypes de genre jusque dans les manuels scolaires. Les nouveaux programmes du CP à la 3e « sont une occasion importante pour améliorer les manuels et ainsi prévenir les discriminations et stéréotypes qui alimentent les inégalités entre les élèves », écrit-elle. La ministre s’appuie sur une étude du centre Hubertine Auclert, publiée cette semaine. Après avoir examiné 22 manuels de lecture utilisés en CP, cette dernière fustige le fait qu’on ne trouve que 39 % de femmes dans ces manuels, que les petites filles jouent surtout à l’intérieur, que les femmes sont cantonnées à leur rôle de mère et à la cuisine. Elle dénonce aussi, à raison, le fait que les métiers scientifiques sont presque exclusivement représentés (à 97 %) par des hommes. [Le BAMD québécois traque aussi ces intolérables représentations et désapprouve les manuels qui ne se plient pas à vision. Note du BAMD, par exemple, au sujet d’un manuel de mathématiques québécois : « Les textes succincts et les consignes aux élèves ne correspondent pas à une représentation juste des hommes et des femmes. »]

Pour autant, à force de chercher la petite bête, l’étude paraît souvent outrancièrement féministe. Elle dénonce ainsi « de nombreux contes issus de la culture populaire », tels Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon ou Hansel et Gretel, car « souvent truffés de représentations sexistes, ils ont valeur d’autorité littéraire et cantonnent le plus souvent les personnages féminins à des rôles stéréotypés. » Faut-il bannir des pans entiers de notre patrimoine littéraire au seul prétexte d’améliorer l’égalité sexuée ?

La prédominance du genre masculin



De même, l’égalité se joue-t-elle réellement dans les règles d’accord de l’adjectif et la féminisation des noms de métiers ? L’étude pointe ainsi le fait que, dans les manuels, certains noms de métiers comme « artisan », « professeur » ou « auteur » résistent à la féminisation... Et déplore « l’invisibilisation des personnages féminins » qui passe par l’utilisation du genre masculin comme catégorie universelle. De nombreux manuels utilisent le terme « l’Homme » ou « les Hommes » pour parler des êtres humains, s’alarme encore l’étude. L’adjectif, qui qualifie plusieurs noms de genres différents, s’accorde automatiquement au masculin, regrette-t-elle.

Dans la sphère domestique, « le modèle dominant voire unique est celui d’une famille composée de deux parents et d’un ou plusieurs enfants. » Plus précisément, il s’agit de couples hétérosexuels avec deux enfants de sexes différents, dénonce l’étude qui recommande dans ses conclusions de proposer des « modèles familiaux diversifiés » : familles monoparentales et homoparentales, notamment. Heureusement, parmi les manuels étudiés, certaines femmes sont des héroïnes fortes et indépendantes « qui mènent l’action sans dépendre des personnages masculins ».


Voir également

Le ministère n’approuve pas les manuels. « Seul le régime de Vichy s’est permis cela. »

Table ronde sur le matériel pédagogique ECR

Conférence du « politburo » du Monopole de l’Éducation du Québec

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